RECITS ET POEMES CELTIQUES
(Domaine Brittonique Vl - XV Siecles)
Note au lecteur:
Dans le présent livre, les auteurs ont voulu mettre à la disposition du public des textes gallois, breton et latins dont certains n'ont jamais été traduits en français. Beaucoup d'entre eux ont un écho dans les littératures médiévales de notre continent. D'autres ont inspiré et inspirent encore les pièces de théâtre, des opéras, des poèmes. Les oeuvres galloise que nous présentons n'ont pas en général été la source directe des récits de la << matière de Bretagne >>, mais ce sont souvent des versions qui avaient cours dans les pays celtiques, particulièrement dans le domaine brittonique. Les relations par mer étaient faciles et quotidiennes à travers la Manche. Jusqu'au X siècle les langues étaient peu différentes et l'intercompréhension était possible entre gallois et breton.Elle le fut plus tard encore, jusqu' au Xll siècle au moins, entre cornique et breton. Nous soulignons ce fait pour montrer combien il est difficile et vain d'essayer de déterminer si tel ou tel récit vient de Galles ou de Petite Bretagne. A haute époch, les poètes errants les transmettaient un peu partout, au hasard de leurs pérégrinations. La conquête de l'Angleterre par les Normands, conquête à laquelle les Bretons prirent part massivement, ramena des foules de seigneurs armoricains dans l'île et l'enchevêtrement des traditions insulaires et continentales s'en trouva encore accentué. A partir du Xll siècle, les oeuvres françaises inspirées par les récits celtiques influent à leur tour sur ces derniers. Toutes une littérature << européenne >> se développe. Le choix des extraits a donc été guidé par ce premier souci: aider à faire connaître certaines des sources celtiques de la << matière de Bretagne >>.
Une des autres préoccupations a été de mettre l'accent sur les textes gallois difficiles. Dans le cadre de ce livre, il nous a été impossible de justifier notre traduction dans le détail, à grand renfort des notes. Nous avons opté, sans l'expliquer toujours, pour telle version d'un manuscrit de préférence à telle autre, nous réservant de revenir sur ses questions dans des revues spécialisées, les 'Etudes Celtiques' notamment. Souvent nous avons dû opérer un compromis entre la traduction la plus littérale possible et les exigences de la phrase française. Les problèmes ont été particulièrement ardus en poesie, et il est à craindre que parfois, la << fanfare de fer >> des originaux déclames par les bardes ait disparu, le fond ayant tué la forme. Dans certains cas, on découvrira un monde peu connu, étrangement archaîque. C'est que la plupart de ses textes sont beaucoup plus anciens que les manuscrits qui les ont conservés. Nous en avons des preuves irréfutables dans la langue elle-même, fréquemment antérieur aux X siècle. Ce livre sera donc aussi l'occasion de faire une mise au point sur quelques aspects de la littérature celtique elle-même.
Il nous reste à espérer que notre travail, malgré ses imperfections et ses lacunes, sera utile au public cultivé comme aux spécialistes et ouvrira la voie à des comparaisons fructueuses.
Léon FLEURIOT,
Jean-Claude LOZAC'HMEUR,
Louis PRAT.
(Université de Rennes.)
No comments:
Post a Comment