RECITS ET POEMES CELTIQUES
Domaine Brittonique Vl - XV Siècles
Ancienne Poésie Galloise
Un fragment de la poésie épique des Bretons continentaux
Nous n'avons plus de texte en langue vernaculaire de la poésie épique des Bretons armoricains, mais, comme dans le cas des Lois, il nous reste quelques fragments en latin de cette poésie épique. Voici en particulier un texte concernant le roi Iudicael, mort en 639. Ce texte a été conservé par le biographe de ce roi, le moine Ingomar, qui vivait au début du Xl siècle à l'abbaye de Saint-Méen. Nous l'avons inclus dans les Documents de l'histoire de Bretagne publiés chez Privat, p. 156-159. Nous avons souligné les analogies frappantes avec ce que l'on trouve chez les Bretons de l'île à la même époque. Cette gorchan du Vll siècle paraît être une traduction très littérale d'un poème brittonique analogue à la gorchan de Tudfwlch par example.
Les nombreuses troupes des ennemis par lesquelles il était entouré, de ses mains agiles et robustes, il les abattait en tout lieu, cet homme puissant par les armes, en combattant avec ardeur.
Ou bien, à la façon des paysans semant dans la campagne, Iudicael jetait ; partout où il voulait, là son trait descendait.
Et cependant aussi, à la façon des guerriers robustes dans le combat, il partait en guerre contre ses adversaires.
Avec ses écuyers marchants joyeux après lui, il partageait de nombreux cheveaux porteurs de phalères. Et plusieures lanciers qui allaient après lui, fantassins, ramenant chez eux de nombreuses dépouilles, s'en revenait cavaliers.
Et des cadavres qui, après son passage gisaient couchés sur la terre, les chiens, les vautours, les corbeaux, les milans et les pies se repaissaient.
Et nombreuses par les bourgs, hurlant dans les maisons demeuraient les veuves.
Car, tel le courageux taureau parmi les boeufs anonymes et le verrat robuste parmi les porcs étrangers, l'aigle entre les oies, le faucon entre les grues, l'hirondelle entre les abeilles, ainsi Iudicael, roi des Bretons armoricains, souple et agile, dur combattant dans la guerre, jouait de la lance dans la bataille au milieu des ennemis qui se dressaient contre lui.
Et il fit surtout grand carnage de Francs et il dévasta souvent leurs provinces pour la raison que les Francs voulaient subjuguer la Bretagne.
Traduit par Léon Fleuriot
No comments:
Post a Comment